En ce lieu enchanté - Rene DENFELD
Fleuve Editions, 2014, 207 p.Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Frédérique Daber et Gabrielle Merchez
Le narrateur, Arden, est dans « le donjon », dernier endroit de la prison où ne résident que des condamnés à mort, avant qu’ils soient exécutés. Il est le témoin muet - il a perdu la parole - de la vie de ces hommes pour qui le temps n’a plus aucune valeur. Il raconte ce qu’il voit : une dame dont le travail est de sauver les condamnés à la mort et qui mène son enquête, comme dans le cas du prisonnier York, qui ne souhaite pourtant pas être sauvé. Elle rencontre des gens qui l’ont connu et sera troublée par les similitudes avec sa propre vie. Arden voit aussi un prêtre qui a cessé d’être prêtre et qui accompagne les détenus. Il se rend compte de ce microcosme, cette prison dans laquelle la violence est exacerbée et où les règles diffèrent de l’extérieur. Les prisonniers de cette section sont méprisables et méprisés, ils sont terribles et en même temps, ils sont enfermés dans leur solitude dans laquelle la société les a mis. Arden dans sa cellule sait que l’inéluctable approche et tente de s’évader par l’imagination.
Comme on peut le penser, ce roman n’est pas vraiment gai. Voici le quotidien d’une prison, ce « lieu enchanté » qui raconte la vie de condamnés à mort, de personnes souffrant pour la plupart de graves troubles mentaux et soumis à une violence cautionnée parfois par l’institution. Malgré tout, ce livre reste digne et soumet à la réflexion des questions quant à la prise en charge des gens qualifiés d’asociaux et la notion de justice. Encore un livre à lire quand on est en forme, et qui reste cependant dans la tête pendant longtemps !