Nous l’appelions Em - Jerry PINTO
Actes Sud, 2015, 260 p. Roman traduit de l’anglais (Inde) par Myriam Bellehigue
Ce roman est une ode à Em, la mère du narrateur. Celui-ci brosse le portrait d'une mère aimée, une mère particulière qui alterne moments dépressifs et moments euphoriques. Il raconte les conversations qu’il mène avec elle, parfois avec sa sœur Susan, des conversations sur son enfance, sa rencontre avec son mari, ses fiançailles, les débuts de sa maladie, des conversations tendres, souvent sans queue ni tête, loufoques, angoissantes, impertinentes, quand tout va bien… Dans les moments sombres, en revanche, la vie devient insupportable, « des gouttes noires » qui s’infiltrent dans son cerveau et aucun « tuyau d’évacuation ». « Il n’y en a toujours pas, d’ailleurs ». C’est dire l’extrême douleur et solitude que sa mère doit vivre, et en même temps la grande lucidité qui l’anime avec des touches d’ironie qui affleurent. Le père, Monsieur Hmm est le soutien de tous les membres de cette famille et garantit en particulier l’équilibre de ses enfants mais à quel prix ?
Entre crises de désespoir, tentatives de suicide, dialogues ubuesques, Jerry Pinto nous décrit à la fois le passé et le présent d’une personne atteinte de maladie mentale dans son quotidien et dans ses rapports avec sa famille. Vivre la maladie, c’est pour la personne malade et chaque membre de sa famille, un combat, un chemin escarpé, des moments tendres et drôles, des questionnements. Nous l’appelions Em est ainsi un beau récit entre fiction et documentaire. Ce n’est pas un livre qui se lit d’une traite, c’est un livre qui s’apprécie et se médite instant par instant. A lire et à méditer donc !