Il nous faut de nouveaux noms - NoViolet BULAWAYO
Gallimard, 2014, 285 p.Traduit de l’anglais (Zimbabwe) par Stéphanie Levet
Voilà l'histoire d'une enfance heureuse et malheureuse, celle d’une petite fille dans un bidonville du Zimbabwe. Heureuse parce que Chérie fait partie d’une groupe d’amis et qu’ensemble, ils jouent à faire semblant d’être des pays, volent des goyaves, s’inventent de nouveaux noms. Malheureuse parce que les adultes autour d’eux doivent affronter le manque de travail et d’argent, la maladie, l’exil. Et un (beau ?) jour, Chérie part aux Etats-Unis rejoindre Tante Fostalina, la sœur de sa mère pour vivre à Destroymichygun (Détroit, Michigan !). La réalité de la vie américaine est aussi loin du compte que la façon de prononcer le nom de la ville… Chérie grandit peu à peu, se trouve des amies, fait des petits boulots que son statut de sans-papiers lui permet, oublie ses amis de là-bas, même si l’odeur de la goyave fait remonter des souvenirs enfouis et finalement Chérie reste dans ce pays qui n’est pas le sien…
Un roman pertinent sur l’exil, ses raisons, ses doutes et surtout ses chagrins. On suit le parcours de Chérie avec attention, ce chemin qui part de chez soi et qui mène vers un ailleurs prometteur, le chemin éternel de milliers de gens, souvent parsemé de désillusions. De très beaux passages sur la condition de l’exilé, tels des apostrophes au monde qui reste sourd. Une écriture solide et percutante.