La dactylographe de Mr James - Michiel HEYNS
Philippe Rey, 2012, 324 p.Traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Françoise Adelstain
Dans l’Angleterre du début du XXe siècle, Henry James mène une vie tranquille et habite dans une maison de briques dans la petite ville de Rye, au bord de la Manche, face au cap du Nez-Gris. Il a déjà publié ses œuvres majeures, est un écrivain reconnu et passe un temps certain à voyager et à recevoir dans son « cottage » des amis écrivains, des artistes, sa famille. Témoin de tout cela, la dactylographe, Ms Frida Wroth. Jeune femme, adepte de spiritisme, souhaitant s’épanouir par son travail et aspirant une vie plus excitante et plus intellectuelle, elle se forme bon gré mal gré au métier de dactylo puis se fait engager par le fameux écrivain qui ne cherche pourtant qu’« un médium entre ses pensées et le papier » (!). Le travail commence donc en 1907. Frieda s’installe au Warden Hotel tenu par la redoutable Mrs Tumble, garante des bonnes mœurs conservatrices de l’époque ! Mr James lui dicte des corrections de ces livres ou bien lui dicte des lettres, bien loin de s’en douter que sa dactylo est fatiguée de jouer les potiches. Un des invités, Mr Fullerton arrive un beau jour et sa vie va prendre alors un tour différent, plus aventureux, plus risqué. Des lettres qui pourraient être compromettantes sont en jeu.
Un beau portrait de femme, prise aux pièges des nécessités de la vie et de la rigueur morale d’une époque. Celle-ci aspire à des occupations littéraires et à une autre place dans la société, comme les suffragettes et leur mouvement qui se développe au début du siècle. Quant à l’écrivain, le portrait est plutôt tendre mais il rend compte de la difficulté (de l’impossibilité) des hommes, même les plus cultivés, à se mettre à l’écoute des femmes et leurs attentes sociales (selon l'auteur !).